Pourquoi ce Mouvement,
qui représente les 2/3 de la population mondiale, n’a-t-il pas de poids dans
des regroupements comme le G20, encore moins face au Brics ou au Groupe de
Shanghai?
Si l’idée de
Tiers-monde n’a plus le même sens que du temps de Tito, Nasser et Nehru,
initiateurs des Non-Alignés, l’hégémonie semble prendre, en revanche, de la
valeur démocratique ajoutée, avec notamment l’entrée en lice du Qatar et de l’Arabie
Saoudite aux côtés de l’Occident.
Le « nouvel ordre
économique international », prôné, autrefois, par le groupe des 77 et
porté aux Nations unies en 1973 par le président Boumediene, n’a pas eu lieu. En
le supplantant, l’altermondialisme prouve aujourd’hui que, même si la
dénomination a changé, les pays du sud peinent toujours à nourrir leurs damnés
de la mer.
Exodus 2012
Certes, on peut
comprendre que certains n’aient retenu que l’incident survenu lorsque le
président égyptien Morsi a qualifié le gouvernement d’Assad d’ «
oppressif », provoquant le départ de la délégation syrienne. Mais ce que
l’on ne comprend pas, c’est ce silence brutal face à cet autre terrible
naufrage de Lampedusa. Le flux continu de
milliers d’immigrants maghrébins vers l’Italie, la rive la plus proche de
l’autre Méditerranée, n’est plus ce que l’Europe, occultant les mémoires,
appelle une crise politique, mais bien une tragédie humaine qu’il faut
désamorcer de toute urgence.
Aussi vieille que le monde civilisé, l’histoire de
l’immigration et ses déchirures ne semblent point émouvoir outre mesure les
gardiens des hautes frontières. Comme par exemple, « l’Exodus 1947, ce
bateau qui transporta en 1947 des Juifs émigrant clandestinement d'Europe vers
la Palestine, alors sous mandat britannique. La marine royale britannique
s'empara du navire, et renvoya tous ses passagers dans la zone sous contrôle
britannique en Allemagne. La dureté de la répression anglaise aura une grande
influence sur la future reconnaissance de l'État d'Israël », peut-on
aujourd’hui lire sur Wikipédia. Sauf que les exodes se font aussi à l’envers.
Rivés à leurs cieux, ni
ceux-ci, ni ceux-là ne feront de prière pour les naufragés. Et pendant
qu’Ahmadi Najad, le Guide suprême de la République islamique iranienne,
annonçait que le monde est désormais « en mouvement vers un nouvel ordre
international où le Mouvement des non-alignés peut et doit jouer un nouveau
rôle », Rafik Abdessalem, notre ministre des Affaires étrangères, explique
que « les principales forces politiques issues de la Révolution et des urnes
seront toujours là dans les prochaines années ».
Des urnes contre la Révolution,
le Ciel contre la Mer, des frontières contre le mouvement, on ne peut
logiquement s’aligner sur un tel renversement du divin et de l’humain.
*Chronique hebdomadaire publiée dans "Courrier de Tunisie".
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