C’est le site Mediapart qui en a donné l’alerte, rappelant qu’Eric Raoult, Philippe Briand, Jean-Jacques Descamps, Georges Fenech, Pierre Lelouche, Jean Proriol, Jean-Luc Reitzer, Didier Quentin et René André, avaient signé un communiqué mémorable, intitulé « La Tunisie a des amis, Ben Ali n’est pas notre ennemi», un 16 novembre 2005, en plein Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI). Alors que Zine El-Abidine Ben Ali, était sommé par l’Onu et la France de respecter les libertés et que le journaliste français Christophe Boltanski venait d’être agressé à Tunis, les parlementaires affirment, dans une langue de bois épique, que "certains tentent de brouiller l’image de la Tunisie pour des raisons inavouables".
Car, selon eux, "Ben Ali est un véritable homme d’Etat conscient des difficultés et veut valoriser les atouts d’un pays qui est aux avant-postes de la paix en Méditerranée". "Reconnaissons-le, la Tunisie a fait des efforts constants, progressifs et réels", soulignent les députés, qui énumèrent quelques-unes des nombreuses avancées enregistrées par la Tunisie dans tous les domaines, politique, économique et social : "Pour le statut de la femme, l’éducation de ses enfants qui ne mendient pas dans la rue pour pallier la pauvreté, la création d’une large classe moyenne de petits propriétaires qui font l’honneur de tout le Maghreb, pour lutter contre l’extrémisme et le terrorisme. La Tunisie va dans le bon sens".
S’agissant du Sommet mondial sur la société de l’information, les députés estiment que "le choix de la Tunisie pour l’organisation de ce Sommet était une preuve de reconnaissance du changement politique, en faveur d’un pays émergent : pays qui cherche à tout mettre en place pour se rehausser au stade d’un pays arabe développé". "Vouloir faire de Tunis un nouveau Durban : un sommet de politisation accusatrice, où tout est bon pour caricaturer, provoquer, vilipender, c’est prendre la lourde responsabilité de faire le jeu des extrémistes qui se fichent de l’Internet ou de la fracture numérique".
Les députés français dénoncent "ceux qui montrent du doigt
la Tunisie" mais qui "n’en bougent pas un seul pour expliquer son cheminement
vers le changement. Plutôt que de porter des accusations sans discernement
contre les responsables tunisiens, posons un regard objectif, vraiment
objectif, sur la Tunisie d’aujourd’hui". Ils soulignent que "la provocation est toujours facile, mais l’évolution démocratique l’est
toujours moins".
De même qu'ils remarquent, "qu’à l’occasion du SMSI, tenu à Tunis, et qui est un évènement international
important souhaité par l’ONU, certains préfèrent la provocation et organisent
une campagne de désinformation contre ce pays. Le SMSI, ce n’est pourtant pas
une marque de téléphone portable ou de chaîne HIFI, alors pourquoi tant
d’agitations, de contre-informations, voire d’intoxications ? De même, est-il
judicieux pour un journaliste de braver l’insécurité nocturne pour trouver un
prétexte à relater le non-évènement d’une bousculade dans la pénombre de Tunis
? Ces attitudes sont injustes et inamicales". "Reporter, ce
n’est pas provoquer, et la liberté d’expression est un droit fondamental, mais
aussi un devoir d’équilibre, d’équité et d’objectivité", poursuivent les
députés avant d’ajouter : "Arrêtons les critiques, les caricatures, les
provocations. Aidons la Tunisie. Montrons-lui qu’elle a des amis, beaucoup
d’amis".
Le groupe d’amitié France-Tunisie est un organisme politique du Parlement
français, qui regroupe des députés et des sénateurs favorables à une bonne
entente entre la France et la Tunisie. Les membres du bureau y sont nommés sur
proposition des groupes parlementaires. On se demande ainsi, dans quelle intention
Mr. Jean-François Copé, le nouveau président de l’UMP, a-t-il proposé, dans ce
groupe, Dino Cinieri et Philippe Briand à la vice-présidence, même si ce
dernier admet aujourd’hui que le texte de 2005 était une « imprudence ».
Jean-Luc Reitzer dit, quant à lui, « ne rien regretter »,
n’étant pas « convaincu que dans cette période de transition, la situation soit
meilleure qu’elle ne l’était à la fin du règne de Ben Ali ».
Et pour cause !
C’est cette même prétendue « stabilité politique »,
conditionnée par la lutte contre l’islamisme, que ces députés vont continuer à
faire valoir jusqu'en 2012, sous le fracas politique d'une droite aux abois,
qui a recyclé le communautarisme dans les banlieues françaises pour proposer
des alternatives radicales.
Georges Fenech, natif de Tunisie, tout comme Bertrand Delanoë et Philippe Seguin, avait également fermé les yeux sur les abus de la dictature, allant jusqu’à présider l’association Échanges franco-tunisiens (EFT), fondée par Hosni Jammali, hôtelier et éditeur de « Tunisie Plus », un magazine trimestriel où il faisait contribuer des cadres de la presse française. Ce qui n'était guère étonnant, puisque Jammali était très proche du principal conseiller de Ben Ali et de Frédéric Mitterrand, alors ministre de la culture.
Va-t-on devoir encore voir parader, en Tunisie, ces parlementaires qui se rappellent au bon souvenir de Ben Ali et de ses acolytes, dont certains, impunis, sont toujours à pied d'oeuvre?
Alerté sur son compte tweeter, le député Pouria Amirshahi écrit : « j'avoue que je n'avais pas regardé la liste des membres proposés par les partis... Je vais m'en occuper ».
Affaire à suivre!
*Article paru sur Spot-mag
http://www.spotmag.info/actualite/actualite-internationale/amis-de-ben-ali-reconduits-dans-le-nouveau-groupe-damitie-france-tunisie/
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