Avant
le 6 novembre, les semaines de campagne qui restent seront probablement très
serrées pour les deux candidats aux élections américaines. Lors du dernier
débat qui l'a opposé à son concurrent Mitt Romney, Barack Obama s’est prévalu
de ses options en matière de politique étrangère. Il rappelle ainsi qu'il avait
retiré les troupes d'Irak, le fera bientôt d’Afghanistan, et qu'il avait mené
le raid qui a tué Oussama ben Laden.
« Nous
sommes en mesure de mener une transition responsable en Afghanistan, en
veillant à ce que les Afghans assurent leur propre sécurité. Cela nous permet
de reconstruire des alliances et de nous faire des amis à travers le monde afin
de combattre les menaces futures », a asséné Obama. Même si les électeurs
se sentent bien plus concernés par le secteur de l’économie, et notamment la
classe moyenne, qu’il faut convaincre sur la route à suivre pour faire baisser
l'endettement et les déficits tout en relançant l'investissement. Et le
candidat démocrate le sait, c’est pourquoi, il a fait adopter une réforme
garantissant une couverture maladie à 95 % des Américains et a tenté de faire
baisser le chômage, baromètre important pour l’éligibilité d’un président
américain depuis toujours.
44e
président des États-Unis, Obama a débuté sa présidence le 20 janvier 2009, avec
la mise en place de l'administration Obama, venue remplacer une grande partie
des hauts-fonctionnaires de l'administration Bush dont il hérite les inconvénients,
notamment en ce qui concerne la relation des Etats-Unis avec les pays musulmans.
Dans ce sens, son discours du Caire du 4 juin 2009, pose d’emblée les jalons d’une
politique qui marque le retour des grands idéaux américains prônés, à ses
dépens, par un John Fitzgerald Kennedy. Et ce n’est pas un hasard qu’Obama ait
été comparé à son fameux prédécesseur, dont il célébrait le cinquantième
anniversaire de l'investiture, deux ans après son arrivée à la maison Blanche.
Dès
les premiers jours de son mandat, Obama annonçait ainsi symboliquement la fermeture
du camp de Guantanamo, non encore réalisée dans les faits. De ce fait, pas
étonnant non plus que Bob Schieffer, l’animateur du 3éme débat entre les deux
candidats, tenu lundi dernier en Floride, débutait le show en rappelant que
« c'est le 50e anniversaire de la nuit où le président Kennedy a annoncé
au monde que l'Union soviétique avait installé des missiles nucléaires à Cuba,
peut-être le moment où nous avons été le plus proche d'un conflit nucléaire.
Cela nous rappelle que chaque président doit faire face à des menaces
inattendues à la sécurité nationale en provenance de l'extérieur ». C’est
à cette Amérique obsédée par sa sécurité, dans un environnement largement
dominé par l’arrogance israélienne, que tente de dompter Barack Obama.
Sur
ce plan, celui-ci a bien retenu la leçon mortellement infligée à Kennedy, en rivalisant
de fermeté avec Romney sur l'Iran et sur le soutien américain à Israël.
« Israël est un véritable ami. C'est notre plus grand allié dans la
région. Et si Israël est attaqué, l'Amérique se tiendra à ses côtés »,
soutiendra-t-il. Mais la différence apportée par Obama, outre la réconciliation
ethnique et éthique qu’il prône, c’est bien une offensive sécuritaire qui mise
plus sur les alliances que sur les inimités. En témoigne ces quelques extraits
de ce qu’il a exprimé dans le débat l’opposant à Romney :
« Nous devons affirmer notre leadership au Proche-Orient, et pas mener une politique erronée et imprudente.
Malheureusement, c'est ce genre de politique que vous avez proposé pendant
votre campagne », lance-t-il à son rival.
« Le monde a
besoin d'une Amérique forte et elle est plus forte aujourd'hui que quand je
suis arrivé au pouvoir il y a quatre ans. Parce que nous avons terminé
la guerre en Irak, nous avons pu nous concentrer sur la menace terroriste et sur l'amorce d'un
processus de transition en Afghanistan. Cela nous a aussi permis de relancer des alliances et des partenariats qui avaient
été négligés pendant une décennie. »
« Nous avons
travaillé avec les chefs militaires pour réfléchir à ce dont nous avons besoin
pour assurer notre sécurité dans le futur. Quand on parle de
capacités militaires, il ne s'agit pas uniquement de questions de budget, mais
aussi de capacités. Nous devons réfléchir à la cybersécurité. Nous devons parler de l'espace. C'est ce à quoi le budget sert, mais
il doit être guidé par une stratégie, pas par des considérations politiques. »
Vu
du Moyen-Orient et du Maghreb, ces propos apparaissent comme un défi supplémentaire
pour le candidat démocrate qui prêche de véritables changements dans cette
région et une offensive plus efficace face aux nouveaux visages du terrorisme.
De
ce fait, la controverse sur ce qui s’est passé en Lybie ne semble pas inquiéter
Obama, outre-mesure, dès l’instant où il apparaît que beaucoup d’Américains
sont conditionnés par une méfiance obsolète entretenue dans le passé. A ce
propos, Romney a été ridiculisé par Obama qui lui objectait:
« Gouverneur Romney, je suis content que vous reconnaissiez qu'Al-Qaida
représente une menace, parce qu'il y a encore quelques mois, lorsqu'on vous a
demandé quelle était la plus grande menace stratégique pour l'Amérique, vous
avez répondu la Russie, et pas Al-Qaida. Mais, vous savez, la guerre froide est
finie depuis plus de vingt ans. Quand il s'agit de notre politique étrangère,
vous semblez vouloir revenir aux politiques des années 1980, tout comme aux
politiques sociales des années 1950 et aux politiques économiques des années
1920... »
Au
point où en est la joute, Obama semble être parti pour être favori aux yeux
d’une jeunesse qui veut oser le changement, comme le lui avait inspiré ce même
John Fitzgerald Kennedy, il y a cinquante ans. Entre Romney, le missionnaire
Mormon, et Barack Obama, l’Afro-Américain qui rêve d’un monde meilleur, deux
écoles s'opposent, deux visions du rôle de l'État et du rôle de l’Amérique
comme « nation indispensable dans le monde ». Pourvu que cette nation
ne continue pas à être indispensable seulement pour Israël !
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