Massir Destin m’a invité sur Facebook à participer à la journée du « post civil » التدوينة المدنية avec les internautes tunisiens. Quoi dire après tant de silence… non pas silence de plomb, mais silence vertigineux, celui qui dispersa la clameur folle du 14 janvier… L’émotion encore dans la tête et dans le ventre, qui cloue les mots insomniaques au pilori de l’incertitude… Ça sortira, il le faut, avec le reste, avec les maux d’avant, les maux de maintenant et les maux à venir… Merci Massir de m'avoir débloqué...
Deux ou trois choses à sortir dans l’urgence…
D’abord, il faut dire à ceux, qui ne le savent pas encore, que la compagnie des blogueurs, ça change votre regard sur le monde, les mondes allais-je dire, et la manière de le lire, de le dire, de le transformer, avec des ailes posés là au creux de leurs paroles, ça vous dénoue le cri et plein de papillons s’envolent loin.. très loin.. avec leurs illuminations… Azwaw, Arabicca, Extravaganza, Bent Trad, Chut Libre, Wallada, Pink Lemon, Débat Tunisie et j’en oublie… Ils m'ont donné envie de créer mon blog. Houssein m'a un peu aidé au début pour le langage html auquel je ne pigeais rien. J'ai quand même fini par déserter pour suivre les autres blogs!:) Hier, justement, j’ai eu le plaisir de rencontrer Emma Benji et elle m’a dit que les journalistes (certains journalistes), râlent un peu contre les blogueurs… Il y a de quoi, ces derniers sont à la une, un peu partout, alors que les premiers étaient les grands absents, médiatiquement parlant, de la révolution. Il est vrai aussi que certains d'entre eux se sont exprimé sur les réseaux sociaux! Il faut imaginer que les journalistes ont été formatés par la dictature au point qu'ils ont été déconnectés non seulement de la réalité, mais d'eux mêmes ... Pour être dépassée, la censure par le silence et l'étouffement doit aujourd'hui être racontée et consignée...
Jalousie féconde en tous cas, car il est impératif que les uns et les autres agissent ensemble pour la liberté d’expression et d’information. Il y va de l’avenir de notre nouveau paysage médiatique…
Jalousie féconde en tous cas, car il est impératif que les uns et les autres agissent ensemble pour la liberté d’expression et d’information. Il y va de l’avenir de notre nouveau paysage médiatique…
Ensuite, il y a cette échéance du 24 juillet dont beaucoup ne comprennent rien, moi y compris, avec ce retour en force du refoulé qui est le fait même du Politique avec un grand P. J’assistais hier à une interview faite à Raja Ben Slama et je reprends ici ce que m’inspirent quelques unes de ses idées, toujours pertinentes. D'abord sur la peur. Celle visible dans les derniers sursauts d'une dictature agonisante. Celle audible, à travers le discours dissonant des Nahdhaouis qui traînent anciennes et nouvelles tragédies avec deux ou trois deus ex-machina. De plus, le faux débat sur l’opposition entre islam et laïcité, qui a ouvert les hostilités sur Facebook et dans la rue, a fini par terrifier les plus modérés, en mettant au jour le malaise identitaire vécu par toutes les générations confondues, face à la faillite de la modernité arabe, une "modernité mutilée" disait déjà Chahla Chafiq, et à la barbarie de la globalisation. Déjà que le post-colonial n'est pas encore réglée.
De ce point de vue, il faut aussi questionner les forces dites "démocratiques", qui n’ont pas encore réajusté leur baromètre de la démocratie, continuant à rabâcher les mêmes idéologies obsolètes, pas du tout adaptées au contexte actuel, et qui sont aussi radicales que les intégrismes religieux. On pense bien sûr ici aux Patriotes Démocrates, au Bâathistes et aux Extrêmes Gauchistes. Dans ce sens, j'aime cette autre idée de Raja qui dit, que, dans ce contexte, seul l'intellectuel à le droit et le devoir de se radicaliser. Pas le politicien. Il y a aussi ceux qui sont restés dignes, au temps où la dictature était du plomb durci et du souffre confit, et auxquels beaucoup veulent aujourd'hui dénier l'honneur du combat. On pense évidemment au FDTL, au PDP et à Ettajdid. Rappelez-vous, il y a eu un moment où nul ne pouvait mettre un baume sur les blessures des prisonniers, des morts, des disparus, des torturés, des terrassés, des sourds, des aveugles et des muets…
Le traumatisme commence là… Quand s’éveille la mémoire de la peur, quand retentissent de toute leur férocité, des horreurs que nous devons exorciser. Surtout marche sans te retourner, sussure la voix de votre petit dictateur intérieur...
De ce point de vue, il faut aussi questionner les forces dites "démocratiques", qui n’ont pas encore réajusté leur baromètre de la démocratie, continuant à rabâcher les mêmes idéologies obsolètes, pas du tout adaptées au contexte actuel, et qui sont aussi radicales que les intégrismes religieux. On pense bien sûr ici aux Patriotes Démocrates, au Bâathistes et aux Extrêmes Gauchistes. Dans ce sens, j'aime cette autre idée de Raja qui dit, que, dans ce contexte, seul l'intellectuel à le droit et le devoir de se radicaliser. Pas le politicien. Il y a aussi ceux qui sont restés dignes, au temps où la dictature était du plomb durci et du souffre confit, et auxquels beaucoup veulent aujourd'hui dénier l'honneur du combat. On pense évidemment au FDTL, au PDP et à Ettajdid. Rappelez-vous, il y a eu un moment où nul ne pouvait mettre un baume sur les blessures des prisonniers, des morts, des disparus, des torturés, des terrassés, des sourds, des aveugles et des muets…
Le traumatisme commence là… Quand s’éveille la mémoire de la peur, quand retentissent de toute leur férocité, des horreurs que nous devons exorciser. Surtout marche sans te retourner, sussure la voix de votre petit dictateur intérieur...
Commençons par nous retourner sur ce passé, sur ces passés. N’oublions pas, qu’au fil de ces années mauves, le gouffre s’est aussi creusé entre les générations, entre le citoyen et la politique, entre les hommes et les femmes, entre le passé et l'avenir. En fait, le temps s’était arrêté…et aujourd’hui, nous devons le rattraper en quelques semaines, en quelques mois, en quelques années… Chacun devra mesurer ce rattrapage, non pas à l’aune de sa seule ambition, mais à celle de tous et de toutes, à celle de ce pays qui se relève d’une grande et longue commotion… Ce n’est pas aussi simple. Tout le monde est pressé, et entre le syndrome de Stockholm et la course au scrutin, on n'est pas sorti de l'auberge dictatoriale...
Toutes les dictatures commencent avec la peur et recommencent avec le silence...
Ce qui est étrange, c'est ce sentiment d'exil qui persiste. Après, ou avec, les septnovembristes, arrivent les salafistes. Du coup, j'ai toujours l'impression d'assister à un mauvais débat télévisé. Que veulent inoculer les islamistes tunisiens aux musulmans tunisiens? Il semble que les premiers veuillent convertir les seconds, à quoi? A un nouvel ordre islamique mélangé à toutes les sauces, mondialement cuisinées sur les feux de braise du conflit israëlo-palestinien. من أنتم؟
L'heure est aux emblèmes et aux fétiches. L'heure est aux milices. Mais ce carnaval n'est pas du tout exotique. Les Américains ont du certainement le remarquer, eux qui donnent tout aux indigènes de chaque république...
Je vois qu'il y a retour de plusieurs boomerangs à la fois, et il me semble que les jeunes de la révolution ne les voit pas tous venir. Auréolée de sa toute-puissance révolutionnaire, cette jeunesse, qui a fait la révolution et continue à la faire, veut rompre le cordon. Pour ma part, je les comprend, c'était trop incestueux! Certains de ses aînés ont pourtant ouvert des ruisseaux dans la grande rivière de notre devenir. Qu’ils soient politiciens, intellectuels, syndicalistes, journalistes ou citoyens, ces anciens ont combattu le monstre, par un acte, une parole, un silence. Il y a eu des silences précieux. Il y a eu les eaux claires et les eaux troubles…
Notre reconnaissance doit accueillir les résistants d'hier et d'aujourd'hui, car L'oppression a le même visage hideux, quelques soient les époques. Ne nous aveuglons pas sur le passé. Ne nous méprenons pas sur l’avenir. Nous devons beaucoup travailler, beaucoup nous remémorer, beaucoup nous projeter. Redevenir humains, puis vivre ensemble. Mais moi je dis que peut être la transmission qui a eu lieu, des aînés vers les jeunes, doit se faire désormais en sens inverse, des jeunes vers leurs aînés.
Un grand chambardement que la révolution..
Enfin, je veux finir sur cette belle image, relevée par Raja Ben Slama, de la femme tunisienne portée sur les épaules, pendant la grande manif du 14 janvier. Cette image serait une exception de la révolution tunisienne. En tous cas, une image qui dit plus que ne le laisse entendre ce qui pèse, aujourd’hui, sur nos têtes, comme une épée, qu'on ne finit pas de brandir… Cette élévation dit que la Tunisienne a franchi des sphères importantes qui la projettent vers le haut et non vers le bas. Sortie de son cocon, la larve s'envolera papillon, malgré tous les tsunami... Sortir de sa peau n'est pas sacrilège, quand cette peau nous devient étroite. N'est-ce pas Mahmoud Darwich?
Il y a plein de papillons qui vont s’envoler loin, très loin, en se souvenant qu'autrefois, ils étaient des larves enfermées dans des cocons...
« La trace du papillon est invisible. La trace du papillon ne s'efface pas ».
NB: Je ne sais pas exactement à qui appartiennent les photos que j'ai mises sur mon blog, si quelqu'un le sait, qu'il me le dise svp afin que je puisse citer les auteurs de ces magnifiques photos.
« La trace du papillon est invisible. La trace du papillon ne s'efface pas ».
NB: Je ne sais pas exactement à qui appartiennent les photos que j'ai mises sur mon blog, si quelqu'un le sait, qu'il me le dise svp afin que je puisse citer les auteurs de ces magnifiques photos.
1 commentaire:
bienvenue j'adore votre style journalistique continuez !!!
HH
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