Longtemps, elle fut négligeable et muette. Pas un rimbaldologue n’a questionné le silence de la compagne abyssine du poète français. Et voilà que l’Erythréen Haji Jabir se fraye une trace vers cette figure de l’ombre qu’il nomme Almaz et crédite d’une conscience insurgée dans son dernier roman en langue arabe, « Rimbaud, l’Abyssinien ».
En somme, autant Rimbaud s’est épuisé à se décentrer, lui qui se pensait "nègre" (1) et voulait "changer la vie", autant ses biographes s’obstinent à refouler dans l’interprétation ce qui était déjà refoulé par Rimbaud lui-même.
Dans le Dictionnaire Rimbaud (2), Jean-Michel Cornu de Lenclos note, lui, que dans l'étude du féminaire rimbaldien, "cette relation, attestée par cinq témoignages fiables, a été volontairement minimisée, voire occultée par la plupart des biographes.
Le "Je de l’Autre"
Mais au-delà de toute mystification, ne faut-il pas plutôt saisir la vie de Rimbaud au miroir de son œuvre littéraire où il prédit, au vrai sens du mot, son avenir. C’est qu’en effet Rimbaud a tenté de sortir l’être de l’ornière de l’absolu en pensant la poésie comme relation au monde et non à elle-même. Car le "Je est un Autre" se complète avec le "Je de l’Autre". Mais qu’en est-il quand cette équation est mise à l’épreuve de l’Autre, habitant des colonies, qui demeure innommé et inaudible ? Qu'en est-il plus exactement quand cet Autre est une femme, subalterne et indigène?
"L'Autre que je suis est impliqué (en la totalité) au Je de cet Autre. Mais le vœu des poètes s'est évanoui dans la sanglante conquête. Il faudra attendre l'acte combattant de l'Autre pour que le Je occidental (outre la panique de partager et de se partager) se dépasse et refasse, dans une neuve relation", prophétisait Édouard Glissant.
Et voilà que, plus d’un siècle après, L’Érythréen Haji Jabir, descendant de l’antique Abyssinie et exilé de Massaoua sa ville natale, entreprend cet "acte combattant". L’écrivain jugeant ainsi que le silence non questionné de l’Abyssinienne de Rimbaud est "une exclusion de l’histoire".
"Le silence n'est pas un espace neutre, c'est un écran sur lequel chacun est libre de projeter ses fantasmes", écrit Alice Zeniter dans L’art de perdre.
Tout commence avec une phrase qui saute aux yeux du romancier dans un livre d’Alain Borer où un ami de Rimbaud affirme que celui-ci avait "une compagne abyssinienne et qu’il était bon pour elle". "Je me suis demandé pourquoi le prénom de cette compagne n’avait pas été cité. Et puis, qu’y avait-il d’étrange à ce qu’elle soit bien traitée ? N’était-ce pas normal et attendu ?", s’étonne Jabir.
On sait que le poète, lui-même, n’a jamais cité sa compagne dans ses lettres à sa mère et sa sœur Isabelle. Dans son Rimbaud en Abyssinie, Borer relève que "la correspondance de Rimbaud est tout intériorisée : "les choses avidement vues" ? Il suffit de les voir pour comprendre que Rimbaud n’en parle pas. Sa correspondance se conforte d’un incroyable non-dit".
D’évidence, le poète a "réservé la traduction" de sa "parade sauvage".
Ce que contient cette abondante correspondance anthume et posthume
est un portrait impeccablement enrobée dans l'exotisme sériel des
voyageurs européens. Comme la courtisane égyptienne de Flaubert, l'Abyssinienne "ne
parle jamais d'elle-même, elle ne fait jamais montre de ses émotions,
de sa présence ou de son histoire. C'est lui qui parle pour elle et qui
la représente."(4)
Ainsi décrit-on la compagne de Rimbaud comme une jeune "chrétienne", "très douce", "avec une assez jolie figure, des traits réguliers, pas trop noire", qui "s’habille à l’européenne", "parle à peine le français" et qui "aime à fumer des cigarettes en se promenant le soir avec Rimbaud".
Parangon presque-parfait de « la figure européenne », elle n’en est pas moins reléguée dans sa subalternité. On ne saura rien ni de la signification de ses pensées et de ses actes, ni de son regard sur Abd Rabbou, le Rimbaud abyssinien qui parlait l’arabe, lisait le Coran et donnait l’aumône aux mendiants, mais que les Harari surnommaient "karani" (le méchant).
"J’attends de devenir un très méchant fou", prévenait Rimbaud dans ses Illuminations.
L’Abyssinienne peut-elle parler ?
En s’aventurant dans la chasse-gardée de la Rimbaldie, Haji Jabir sait qu’il n’est pas aisé de rendre audible une voix oblitérée par des couches d’histoire coloniale et postcoloniale, dans un contexte social basé sur la classe, la race, la confession et le genre. Pourtant, ce qu'il appréhende, c'est "la personnalité de Rimbaud, pas seulement à cause de sa célébrité, mais à cause de son ambiguïté. Autant il me paraissait essentiel d’évoquer les histoires de Rimbaud au miroir de l’Abyssinienne, autant je ne voulais pas que mon livre soit une redite des autres ouvrages. C’est pourquoi je me suis limité à de brèves références vérifiées de la vie du poète pour informer les non-connaisseurs tout en laissant libre-cours à l’imagination", nous confie l’écrivain.
Or, pour réhabiliter cette figure restée dans l’ombre de Rimbaud, il va devoir s’engager dans une investigation subalterniste où l'histoire et l'imaginaire font bon ménage. On rappellera que Gayatri Spivak définit les subalternes comme étant « ceux qui n’ont jamais le droit à la parole dans l’histoire officielle ». Rejoignant Gramsci, auquel elle emprunte le terme "subalterne", l’autrice de Les Subalternes peuvent-ils parler ? estime, qu’en l’absence d’archives, la seule "historiographie" possible de ces "invisibles" ne peut être entreprise que sur une base littéraire.
Critiquant Marx et Freud, elle va même plus loin en affirmant que "la femme du Tiers-Monde est la subalterne par excellence" car, entre l’impérialisme et le patriarcat, "elle n’existe qu’à travers le discours de ceux qui la représentent et ne peut donc pas atteindre le statut d’une subjectivité pleine et autonome". En fait, ce qui est important dans cette quête subalterniste, c’est d’ouvrir "un espace de différence". D'ailleurs, Rimbaud lui aussi est un subalterne, puisque les subalternistes classent dans cette catégorie "l’élite étrangère", quand celle-ci "n'a pas accès ou n'a qu'un accès limité à l'impérialisme culturel".
Le romancier nomme son Abyssinienne Almaz, une jeune chrétienne, pauvre, rebelle et ambitieuse qui va fuir l’ennui de sa plaine coincée entre Harar et Dire Dawa pour réaliser ses rêves les plus fous. L'un deux est de franchir le mur de la Cité sacrée d'où ses ancêtres ont été expulsés, et désormais interdite à sa "race impure". Il lui donne ensuite"la permission de narrer" (4) en reliant son histoire à celle de Harar à une époque où les grandes puissances rivalisaient pour asseoir leur emprise sur la Corne de l'Afrique. L'intention de Jabir est de "la sortir de sa marge pour la ramener vers le centre de l’histoire". C'est encore Spivak qui définit la marge comme un "centre silencieux ou réduit au silence" où se concentre la subjectivité de l’Autre. Jabir entend saisir cette subjectivité à partir d’une infinité de traces déposées dans la conscience de l’Abyssinienne. Si "la conscience est un objet historique très difficile à manipuler", comme le remarque Spivak, la fictionnalisation permet, en revanche, de jouer sur la profondeur historique et les fils narratifs.
Non-linéaire, le récit superpose les temporalités et s’organise au gré de la remémoration du personnage principal, dont le récit est complété et commenté par un narrateur omniscient. A la lecture, on comprend que l’Abyssinienne a tenté d’écrire sa version de l’histoire en français, la langue que lui a appris Rimbaud, mais qu’elle a fini par abandonner le projet. On comprend mieux alors l’exergue du roman où le narrateur s’adressant à deux personnes, dit qu’il est temps de libérer tout le monde. Le lecteur devinera que l’une de ces personnes est, sans doute, Djami, celui qui va venir bouleverser la relation déjà compliquée de Rimbaud et Almaz. L’histoire n’est donc pas finie.
Mariam, la compagne abyssine de Rimbaud, photographiée par Ottorino Rosa, ami du poète. |
"Les amours d'exotes ne vont jamais jusqu'au bout"
Le roman commence avec le départ de Abd Rabbou. C'est ainsi que les Harari surnomment Rimbaud. Sur le seuil de la porte, Almaz qui assiste à son départ précipité, sait que, cette fois, le voyage est à sens unique. Le brancard du poète est escorté par seize Harari, quelques chameaux et son domestique Djami vers le port de Zeilah où il s’embarquera pour Marseille afin de soigner sa jambe gangrénée.
Dans un très beau passage, Jabir décrit la caravane du poète qui s’est « révolté contre la mort » et tourné en dérision son cérémonial convenu, comme "le véritable convoi funèbre de l’homme et non pas l’enterrement qui va se dérouler, à Charleville, six mois après". "Et s’il était au fond tenté d’assister à son propre enterrement ? Cette pensée macabre ne sied-elle pas à celui qui consacra sa vie à ne ressembler qu’à lui-même ?". "Quelle espèce d’espoir habitait un homme dont le corps dépérissait et qui continuait à se projeter dans un avenir plein de promesses ? Ne lui venait-il pas à l’esprit, l’espace d’un instant, que le chapitre de la parade sauvage s’achevait et que son voyage touchait à sa fin ?. Mais qui aurait pu convaincre l’homme aux semelles de vent de l’idée même de finitude, lui qui ne s’arrêtait jamais de marcher même s’il devait faire du surplace."
La première phrase ouvre d’emblée sur le jeu de miroir brisé d’une altérité accessible, mais impénétrable.
"Au moment où il parut la voir pour la première fois ... elle ferma la porte !".
Le Voyant a-t-il enfin vu Almaz, la jeune fille insurgée qui veut "briser son servage" et combler l’absence d’un père déserteur comme le sien ? S’est-il demandé si sa compagne avait trouvé "des choses étranges, insondables, repoussantes, délicieuses" et quelle quantité d’inconnu elle a ramené de son voyage ?
"L’espoir, cette graine vénéneuse qui, à la base, m’a conduite ici, sinon qu’est-ce qui m’aurait amené ? Qu’est-ce qui m’a poussé à m’élancer de toutes mes forces avec l’espoir de gagner en hauteur, telle la tige d’une fleur qui se dresse, face tournée vers le ciel, sans s’inquiéter ni de ce qu’elle perd en cours de route, ni de son ascension, pensant que ses racines sont bien ancrées dans la terre. C’est muer que je voulais et cet étranger est venu concrétiser ce désir. Si seulement j’avais pris le temps de considérer cette croix tatouée sur mon front qui me suit toujours et partout, j’aurais compris que mon ambition est absurde et naïve. Qui a pu un jour sortir de sa peau ?", se désole Almaz.
Almaz sait-elle que l'Autre n'est pas forcément "l'étranger", mais peut être aussi l'étrangeté refoulée en nous?
D'ailleurs, la scène du départ n’est pas sans rappeler l’épisode abyssinien de Michel Leiris et sa fascination morbide pour la magicienne Emawayish.
"Pourquoi faut-il qu'elle soit venue se présenter devant moi, vers la fin de ce voyage, comme s'il s'agissait uniquement de me rappeler que je suis hanté intérieurement par un fantôme plus mauvais que tous les zar du monde ? ", écrit l’auteur de L’Afrique fantôme.
Sauf que là, l’exotisme est inversé. Quand le réel fait retour, Almaz qui a déjà fait le deuil de cette séparation, voit la part maudite portée à son comble d’un Rimbaud ambivalent, frénétiquement erratique, indifférent à son malheur, qui l’a blessée en lui préférant son domestique Djami, l'ancien amoureux de la Vallée qu'elle surprend dans le lit du poète.
"Je n'aime pas les femmes, l'amour est à réinventer", disait Rimbaud.
Pourtant, l'Africaine avait succombé au charme de cet Européen pas comme les autres qui l'avait séduite avec son "don extraordinaire de familiarité avec les gens", et avec qui elle rêvait de fonder une famille.
"J’étais jeune et naïve. Sans doute, le suis-je encore. Les rêves étaient susceptibles de s’insinuer dans ma solitude et me mener à l’erreur. Il était normal de se laisser entraîner par la première marque de gentillesse et par le compliment le plus insignifiant. Quand Rimbaud décida de m’introduire dans son intimité, j’ai d’abord cru qu’il m’avait choisi pour être proche de lui. Pourquoi moi sinon ? ", se demande Almaz.
La vendeuse de qat se souvient que, dix ans en arrière, de sa place au marché, elle vit arriver la caravane de ce Français au « regard tourmenté » qui ne lui avait alors rien inspiré. Elle avait même ri de sa frayeur devant les soldats de la garnison égyptienne. Cela se passe avant que Ménélik, roi du Choa ne dévaste la ville pour s'en emparer. C'est à lui que Rimbaud, rêvant de s'enrichir, va vendre des armes usées qui lui seront confisquées, comme le rapportent ses biographes.
Et on pense ici à Victor Segalen qui, prenant conscience de la subjectivité de l’Autre, écrit dans son Équipée au pays du réel : "Ces regards aperçoivent pour la première fois au monde, l'être aberrant que je suis parmi eux [...] je me sens devenir objet de mystère".
On sait que le jeune Rimbaud, après ses périples en Europe et en Arabie, foule Harar en décembre 1880. Il était le neuvième Européen à entrer dans la cité interdite aux non-musulmans, suite à la levée de l’État de siège. D’ailleurs, le roman rappelle comment le premier arrivant avait dupé les Harari en se « déguisant en commerçant arabe, comme il l’avait fait à la Mecque » et réussit à s’introduire dans leur ville. L’histoire coloniale nous apprend, en effet, que c’est l’explorateur Richard Francis Burton, célèbre traducteur des Mille et Une Nuits, qui fut le premier, précisément en 1854 l’année de la naissance de Rimbaud, à s'introduire dans cet Orient que Flaubert pensait comme "une absence, absence d'Histoire (les monuments l'ennuient), absence de récits (que les notes interrompent), absence de savoir, puisqu'on retrouve ce qu’on savait déjà." (5)
"La sagesse même : en Afrique comme en Arabie, les Européens ne se sont avancés que déguisés en musulmans", note Borer.
Relire Rimbaud sans déguisement
Faut-il se déguiser pour aller à la rencontre de l’Autre, quand l’Autre n’est en réalité jamais véritablement rencontré, mais bien plutôt associé à une définition de soi?
Haji Jabir en sait quelque chose, lui qui met en scène, d’un livre à l’autre, des personnages à l’identité troublé, comme dans « Black foam » où il parle des Juifs éthiopiens, les "Falasha" (6), qui sont poussés par la pauvreté et le désespoir à émigrer en Israël à la recherche d'une vie meilleure.
Ce dernier roman, qui pourrait aussi bien s’intituler Almaz, l’Abyssinienne de Rimbaud, est une contribution importante à la littérature postcoloniale qui interroge une altérité doublement inaudible: l'Abyssinienne de Rimbaud. En accordant une "parole adjuvante" à son personnage, Jabir transforme ainsi le témoignage d’Almaz en un geste de contestation du récit unique. Car en donnant son point de vue sur l’Autre, elle lui confisque son "privilège de voir sans qu’on le voie". (7) Un geste de résistance aussi du corps occulté et opprimée de la femme subalterne et indigène.
"Comment chacune pouvait-elle échapper au destin de sa mère ou de sa sœur et des autres pour ne pas se transformer en bête de somme qui fait tourner la noria, les yeux bandés, croyant avancer et ne réalisant pas qu’elle est prise dans un cercle vicieux, solidement enchaînée avec des liens indémêlables ?", soliloque Almaz.
On notera que l'unique scène érotique du roman se passe quand Almaz dort et rêve qu'elle fait l'amour avec Rimbaud sous un arbre.
En écho, lui répond au présent, Alaa Salah, la Soudanaise vêtue de blanc qui chante, juchée sur une voiture au milieu de la foule, devenue le symbole de la révolution. Almaz ne chante pas, mais avait appris par coeur, à l'école, des poèmes ahmariques, et osait tenir tête aux hommes de son village qui lui dictaient sa morale.
Plus que la discipline historique, la fiction "rend compte de la situation de l'être, qui est partie d'une nation", en l’occurrence l’Éthiopie, une région encore aujourd’hui agitée par des luttes de pouvoir pour le territoire, autrefois démembré par les conquêtes impériales. Et on pense ici à Teza, l’excellent film de Haïlé Guérima qui raconte l’histoire de l’Éthiopie des années 1970-80. Le réalisateur y évoque les thèmes de l’immigration, du racisme, de la guerre, mais aussi de la position difficile de la femme éthiopienne.
Le Rimbaud de Haji Jabir pose aussi la question de la réception et de l’horizon d’attente, tant il parait difficile de dépasser le mythe qui a momifié le poète. De plus, à notre connaissance, il n’existe qu’une seule traduction en arabe des œuvres complètes du poète, celle de Kadhim Jihad Hassan. Outre quelques textes essentiels traduits en amharique. Comment lira-t-on aujourd'hui Rimbaud l'Abyssinien dans le monde arabe?
À l’évidence, le style tout en finesse du romancier, parmi les plus brillants de sa génération, qui réinvente les métaphores de la quête de l'être et de la liberté, est envoûtant. Il n’empêche que la structure dramatique du roman se discute, car l’auteur aurait pu pousser plus loin la relation d’amour et de solitude entre Almaz et Rimbaud. On peut également s'interroger sur l'épreuve de l'altérité de Haji Jabir lui-même vis à vis de l'Autre féminin.
Faut-il croire que " les amours d’exotes ne vont jamais jusqu’au bout, et n'obtiennent jamais d'enfants", comme le dit Segalen? Et le Divers serait-il condamné à nous échapper encore et toujours?
Car il est dit aussi, dans la correspondance, que Rimbaud "voulait se marier", "instruire" son Abyssinienne et que celle-ci "fit une fausse couche" avant d’être congédiée. Mais cette union serait une "mascarade", comme l’écrit, dans une lettre à l’Italien Auguste Franzoj, un Rimbaud rongé par le désespoir et la syphilis, qui ne pouvait donc pas avoir d'enfant.
Pour finir, on signalera que, dans son Rimbaud en Abyssinie, Alain Borer se trompe en traduisant "Allah Kérim" par "Dieu le veut". Cela veut dire plutôt "Dieu est généreux". De même que Myriam n'est pas un nom uniquement chrétien, mais est d'usage dans les trois monothéismes.
(1) « Oui, j’ai les yeux fermés à votre lumière. Je suis une bête, un nègre. […] Le plus malin est de quitter ce continent, où la folie rôde pour pourvoir d’otages ces misérables. J’entre au vrai royaume des enfants de Cham ». Extrait de "Mauvais sang", Une saison en enfer.
(2) Dictionnaire Rimbaud, Jean-Baptiste Baronian (Sous la direction de), éditions Bouquins, 2014.
(3) Edward Said, Permission to narrate, Journal of Palestine Studies (1984).
(4) Edward Said, L'Orientalisme. L'Orient créé par l'Occident.
(5) Edward Said, L'Orientalisme. L'Orient créé par l'Occident.
(6) J.-P. Sartre, Orphée noir, introduction à l’Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache de langue française de L. S. Senghor.
(7) Le nom « Falasha » (amharique : « exilé », « errant », « sans terre »), couramment utilisé pour les désigner en Europe, est rejeté par les Juifs éthiopiens qui le considèrent comme péjoratif.
A propos de Haji Jabir
Haji Jabir est l'un des auteurs contemporains de langue arabe les plus importants. Né à Massaoua en 1976, sur la côte érythréenne de la mer Rouge, il fuit l'Érythrée à l'âge de deux ans avec sa famille pour l'Arabie Saoudite, suite au bombardement brutal de Massaoua par l'Éthiopie. Sa première visite en Érythrée à l'âge de 34 ans lui a inspiré son roman Samrawit, dans lequel il décrit l'expérience du retour à la terre natale, pour se découvrir étranger. Auteur de cinq romans, Jabir a reçu plusieurs récompenses dont le prestigieux Prix international de la fiction arabe 2019. Son roman Black Foam a remporté le prix Katara 2019 pour le roman arabe. Ses autres œuvres sont The Spindle Game (2015) et The Abyssinian Rimbaud (2021). Le romancier vit actuellement à Doha, au Qatar, où il travaille comme journaliste pour Al Jazeera. Ses romans ont été traduits en italien, en anglais, en hébreu, en persan et en kurde, en attendant la traduction française de Rimbaud l’Abyssinien.