mercredi 26 septembre 2012

La paix sans la fracture hydraulique

    Sous le signe de : «une paix durable pour un avenir durable», la Journée internationale de la paix a été célébrée le vendredi 21 septembre dernier. Ban Ki-Moon, le secrétaire général des nations-Unies, a affirmé que «Les ressources naturelles doivent être utilisées au profit de la société, et non pour financer des guerres ». Précisément, le lendemain, c'est-à-dire le samedi 22 septembre 2012, prenait place la première journée internationale d’actions coordonnées par la société civile contre la fracturation hydraulique, les gaz et pétrole de schiste. Il aurait alors mieux valu faire deux en un et célébrer la paix en condamnant la fracturation hydraulique, cette technique d'exploitation des gisements de gaz de schiste, qui pose un risque pour les sources d'eau potable.
   Plus d’une centaine d’actions ont eu lieu sur cinq continents et dans près de vingt pays, pour repousser en force ce projet dévastateur, avec des vides bien évidemment puisque ni la Chine, ni l’Algérie ni la Tunisie n’étaient de la partie. Bien que depuis peu, une sensibilisation aux dangers du gaz de schiste commence à voir le jour en Tunisie, dans le grand chantier de la transition. Une page facebook « Non au gaz de schiste » a été crée par les internautes pour s’informer sur ce phénomène relativement neuf, qui suscite des controverses et chez les scientifiques et chez les politiques. Pendant ce temps, les problèmes socio-économiques continuent à miner des franges importantes de la population pauvre et déshéritée, notamment dans les régions. Sans oublier que le destin des martyrs, des blessés et des chômeurs demeure jusqu’à ce jour incertain. A ce propos, le commentaire d’un jeune blogueur de Sidi Bouzid donne à réfléchir. Celui-ci écrit sur sa page facebook« La question du gaz de schiste risque d’occulter le problème des martyrs et des blessés de la révolution. Donne-moi les moyens de vivre aujourd’hui et tue-moi demain… » !  

Bent Masryyah

  Pendant ce temps, des cyberactivistes égyptiens lancent une campagne contre le harcèlement sexuel. Ce phénomène qui a marqué les événements violents de « Tahrir square », depuis le début de la révolution, ne concerne certainement pas que l’Egypte et ne date pas d’hier. Selon un sondage publié par l'agence de presse Reuters, deux tiers des hommes égyptiens harcèlent les femmes. Dina Ayoub, une bloggeuse égyptienne  de 26 ans résidant au Canada, a réagi à cette enquête en rédigeant un message intitulé « Epidémie de harcèlement sexuel en Egypte ». Pour elle, il s’agit d’un problème d’éducation. « Beaucoup d’hommes instruits en Egypte ont un esprit extrêmement borné et arriéré. L’enseignement des droits : voilà une nouvelle discipline qui devrait être ajoutée aux programmes scolaires dès la première année. Peut-être que si les gens comprenaient ce que signifient le droit pour chacun d’être traité avec respect et la liberté, alors le harcèlement serait moindre. Mais c’est mon côté optimiste qui ressurgit. Nous en sommes bien loin. » De son côté, Hala Al Baz a lancé, sur les réseaux sociaux, un projet de traduction du Coran, de l’arabe littéraire vers l’arabe dialectal égyptien. 
  Cette belle initiative s’adresse bien évidemment aux analphabètes, estimés à 40% de la population en Egypte, et que l’auteure de la page facebook « Bent Masryyah » laisse ouverte à toutes les contributions, à condition, prévient-elle, d’argumenter en utilisant la raison et non pas le texte. Il s’agit donc de réécrire et non d’expliquer en utilisant les techniques complexes de l’exégèse. Car la paraphrase peut acquérir toute sa teneur avec le dialectal. Si l’on convient que la Bible a été réécrite à plusieurs reprises, au fil des siècles, malgré toutes les contestations, et que cela a servi à mieux la faire connaitre et comprendre, on peut voir de la même manière dans cet autre projet de réécriture du Coran, en contrepoint de la méfiance qu’il peut susciter, le besoin de redire le message sacré d’une manière qui s’adresse aux contemporains. Avec cette relecture accessible à tous, la question de l’oppression des femmes au nom de la religion pourrait bien être subvertie et tomber bien des obstacles érigés au nom du sacré.

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