vendredi 9 janvier 2009

Cadavres encerclés

Ayant chaviré en cours de route, je reviens de loin et tombe à pic avec le festin de l’année qui annonce au menu du «plomb durci», du «froid confis», du «silence moulu», du «mépris farci», de la «terreur fondue» et bien sûr de la viande fumée comme vitamine essentielle pour barbares et autres cannibales…
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Gaza brûle… Gaza se meurt…Gaza trouble-fête…Gaza trouble-tête… Sentez vous comme moi l’odeur du sang chaud qui gicle et coule dans la terre et ces cadavres cois aux paupières closes sur l’horreur qui crèvent nos yeux et nous renvoient à nos semblants de vie à nos semblants de mort… Quel est le silence le plus effrayant, celui des morts ou des vivants ? A chacun son oppression et ses oppresseurs, mais le silence est une petite bête sale et méchante qui finit toujours par déterrer ses dépouilles… Hélas, comme la mémoire est traîtresse, demain peut être nous aurons encore oublié… Et tous ces gens qui crient à la solidarité dans tous ces pays où l’oppression a fini par museler les individus en les montant les uns contre les autres, puis contre eux-mêmes et enfin contre l’humanité… Comme quoi, quand on peut pas crier pour soi chez soi, on peut toujours crier pour les autres... Pour un temps, pour un temps seulement, nous redevenons humains, nous redevenons vivants… Pendant ce temps, je relève qu’après des siècles de combat pour l’humanisme, le civisme, le droit-de-l’hommisme et autres « ismes » qui riment avec intégrisme, les crétinismes continuent à grignoter la peau de chagrin de l’humanité :
Shimon Perez, le président israélien a déclaré qu’il ne voulait pas empêcher les enfants palestiniens de profiter comme les enfants israéliens du ciel bleu et de l’air frais… Sic. A mon avis, il prend les enfants palestiniens pour des oiseaux !
Les artistes mauritaniens ont cassé des instruments de musique et brûlé des toiles de peinture décrétant la cessation de toute activité artistique en guise de solidarité avec Gaza… Pas très original comme polpotisme, alors que Rachid Mancharaoui disait justement l’autre jour que les artistes palestiniens continueront à créer en dépit de tout… Et même que dans le monde judéo-chrétien, l’esthétique de la laideur est née des horreurs de l’holocauste juif…
On parle beaucoup de « nouveaux enjeux éthiques » depuis quelques temps et je crois comprendre maintenant ce qu’impliquent ces enjeux quand j’entends ce porte-parole de l’armée israélienne vociférer à la télé que son armée n’a de leçon de morale à recevoir de personne puisqu’elle est la plus morale de toutes les armées du monde. D’un autre côté, un journal israélien critique la prise de position turque contre la guerre à Gaza en affirmant qu’Israel fait la guerre pour se défendre tandis que les Turques ont exterminé les Kurdes pour rien ! Sic.
A Jérusalem ouest, des passants s’arrêtent pour insulter un groupe de manifestent contre la guerre à Gaza. Et un militant juif israélien des droits de l’homme avait bien prévenu il y a quelques années : « Si Israël ne respecte pas les droits civils et humanitaires des Palestiniens, il n’a pas le droit à l’existence ». Mais Condolezza Rice pense, elle comme son boss, que seul Israël peut être un pays sans morale et continuer à exister ! Et moi je me demande : Quand on a des ancêtres qui ont été victimes d’un holocauste ou d’une Traite, devient-on forcément bourreau ?

Je suis revenue et j’y reste, le temps d’oublier mes oppresseurs ou d’apprendre comment renverser la vapeur… 
 
(Illustration: tableau du peintre chilien Roberto Matta)

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