dimanche 3 août 2008

Adieu Chahine, tu vas manquer à nos lâchitudes…

C’est pas que j’ai oublié que Chahine n’est plus ! Mais, ces derniers temps, la mort n’a cessé de rôder dans les parages des gens que j’aime et que j’aurais souhaité voir partir après moi ou plutôt voir arriver dans le monde où j’aurais déménagé pour toujours sans avoir à donner deux mois de caution. Et ça me déroute au point que j’en reviens à mes anciens soliloques sur la mort subite et la mort lente, la vie végétative et la vie initiatique. Cette sorte de mystique vous empêche souvent de sombrer dans le quotidien sordide de vos contemporains. Et justement, Chahine le magnifique ne sera plus là pour nous enquiquiner, pour faire râler ses confrères du monde arabe qui veulent l’imiter sans trop y arriver. Car faire du bon cinéma est une question de culture, d’ouverture, de ruse et de sincérité. En plus de tout cela, Chahine était un sensuel, un « déniaisé », un audacieux ! Mais il n’a pas fait que du cinéma, il a aussi formé des comédiens et des techniciens et donné un élan incroyable à la nouvelle vague cinématographique de son pays sans jamais céder à une quelconque jalousie débile. Ca me rappelle que du côté de chez nous, quelqu’un comme Ahmed Bahaeddine Attia fut à sa manière un producteur de cette envergure-là, et depuis une année, sa disparition n’a pas été suivie par l’hommage qui lui est du. Pour revenir à Chahine, et sans vouloir évoquer toute sa filmographie, j’en veux garder pour mémoire son très beau moyen métrage qu’on cite rarement, « Le Caire », où il nous dessille sur les désirs et les dérives de la ville, de sa ville qui est souvent un personnage de ses films. Reste à voir son dernier, « Le Chaos », sorti en 2007, qu’il a co-réalisé avec son jeune collaborateur Khaled Youssef, peut être lors des JCC 2008.
Je me souviens surtout de l’interview qu’il m’avait accordée lors des JCC 2006 pendant lesquelles fut projeté son film « Alexandrie... New York ». A ce moment-là, il était déjà sous haute surveillance pour ses problèmes de santé, malgré quoi, il continuait à fumer suppliant son accompagnateur de lui accorder Une cigarette, une dernière cigarette. Et lorsque je lui eu avoué que je n’ai pas beaucoup aimé son « Alexandrie... New York », il se fâcha, de sorte qu’à la question, « C’est quoi le sujet de votre prochain film ? », que je lui posais, il voulut me désappointer en me répondant ; « Ca sera à propos de mon C… ». Et moi, relevant l’affront, je rétorquais : « Super ! Ca nous intéresse justement beaucoup que vous nous parliez de votre C…»
Adieu Chahine, tu vas manquer à nos lâchitudes…

1 commentaire:

khayati a dit…

Eh oui! Il est parti... Ses images nous alimentent et ses "amis" nous rassurent... Quant aux hommages lors des JCC 08, l'équipe n'est encore sure de rien... Espérons qu'elle fera du bon boulot.
Bonne chance